« Comment un pouvoir quel qu'il soit, accepterait un projet qui risquerait de fabriquer des citoyens responsables, critiques, capables de regarder la télé avec une certaine distance et même de l'éteindre pour regarder de plus près le voisin du palier ? »
Bernard Montaclair
Fidèles compagnons de nos vies, surtout en ces temps de pandémie, les écrans nous ouvrent au monde en façonnant notre réel. Devenant nos passerelles avec l'extérieur ils nous offrent une multitude de données, de propos et d’images. C'est pour ces raisons que cette série est née. J'ai voulu y dévoiler mes questionnements, sur cette surabondance d'images que nous créons et qui défilent sans cesse sur nos fils d'actualités.
Je suis parti des photographies que j'avais réalisées dans les rues marseillaises dès le premier confinement, constituant ainsi un lexique visuel qui serait la base de mon projet. J'ai souhaité le revoir, le relire, à travers le prisme de mes écrans afin de créer des surimpressions temporelles.
Ces créations contrastées, tant au niveau chromatique que par leurs sujets, tentent de rendre compte de l'aspect fantomatique, impalpable de la situation.
Je désire offrir un espace de décélération aux spectateurs en leur montrant des images réflectives, sous la forme de grandes impressions riches en détails et en textures. Je souhaite leur soumettre ma vision de ses temps agités où le désordre social me plonge dans un flou aux multiples strates.
Le monde se précipite, calmons-le, calmons-nous et prenons le temps de simplement respirer, voir, sentir. Tentons ensemble de nous reconnecter à notre intériorité afin d’être prêts à retrouver pleinement le monde extérieur et lui offrir notre singularité.
Peut-être qu’il serait temps de repenser notre rapport à l’imagerie individuelle et collective, temps de résister à l’intoxication des médias et réseaux sociaux qui nous assaillent de visuels bruts et choquants.
Imaginons ensemble un après. Déconfinons-nous ! Mais surtout, voyageons dans des réalités multiples et prenons le temps de l’importance d’autrui.
Qu’adviendrait-il alors de nous, qu’adviendrait-il d’eux tous?