Vénus, Neztoile, 2020

Vénus Neztoile, Reportage, Léo Derivot, 2020

« Ce qui est bien avec toi Vénus, c'est que je peux enlever mon costume de malade », lance une patiente en fin de vie à la fée Vénus, le personnage onirique de Carole, qui lui rend visite ce jour-là.

 

Elle travaille pour l'association Les Néztoiles. Nous l'avons rencontrée, éblouis par sa sensibilité solaire. C'est que dans les unités de soins palliatifs, entre le bip ininterrompu des machines, le ballet des silhouettes qui se croisent, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, se trament des bouts de vie, intenses, épais, suspendus à des fils invisibles, des pans de poèmes qui s'effilochent, essentiels...

 

On est projeté au coeur de l'humain, sans sommation, bien loin de l'idée préconçue des mouroirs, où l'épaisseur humaine qui nous relie les uns aux autres se déliterait totalement. Tellement loin. Là où des néophytes penseraient vulgairement qu'il ne reste rien, plus une goutte d'espoir, que des bips qui résonnent dans les couloirs de centre médicalisé, quelques tuyaux et le dernier brin d'une lecture, abandonnée sur la tablette, à côté de ses effets personnels.

 

Nous pouvons affirmer qu'ils se trompent. Et affirmer que parfois, on croise des fées et quelques lutins dans ces étages, qui se faufilent dans les chambres, dès que les soins infirmiers sont terminés. Ils s'engouffrent auprès des personnes alitées, et vont conter des histoires, recueillir leurs confidences dissimulées à leur plus proches, leurs ami(e)s, leurs amours, de peur de les effrayer...

 

Alors, des baluchons remplis de rêves, de larmes et de miel, telle Vénus, ils les sortent un instant de l'effroi.

D'ailleurs, lorsque l'on croise son regard, on ressent immédiatement l'envie de suivre cette fée avec la confiance qu'elle nous mènera au bon endroit, au-delà des apparences, avec une joie inattendue mais certaine...