L'APPEL DE LA RUE

Performance Julien Rossin Marseille, Janvier 2021


Un corps prend place, au cœur d’une ville où l'état d’urgence culturelle va bientôt être déclaré. Julien Rossin, danseur professionnel, déambule sur sa nouvelle scène, la rue. 

 

Le monde du spectacle retient son souffle, les artistes se retrouvent pour la plupart dans des situations déplorables.

 

Leurs ressources financières et imaginaires se tarissent face aux choix gouvernementaux. 

 

Passager des temps troublés, Julien cherche son équilibre mental et corporel dans une performance dansée, poétique. 

 

Son masque l’oppresse, l’étouffe. Peu à peu le visage se dévoile laissant apparaître un regard fatigué par la situation mais malgré tout rempli d’espoir. Après quelques minutes mouvantes, un message s’élève au-dessus de lui: “Je rêve de sourire aux gens dans la rue; Culture en danger”. 

 

Les passants s'interrogent, s’arrêtent parfois; le regardent et le remercient pour sa proposition. 

 

L’appel de la rue est né et bien d'autres suivront je l’espère afin d’offrir au monde des alternatives politiques et esthétiques. 

 

Dansant à contre-courant, à la recherche de nouveaux centres gravitationnels, l'artiste crée de nouveaux horizons aux formes multiples et tente de nous apporter, par son imaginaire, une once de lumière !



Texte de Julien Rossin

 

"Descendre dans la rue. J’avais l’envie et le besoin de faire quelque chose. Simplement être présent, visible et partager un moment avec les habitant.e.s de Marseille. 

Aller à leur rencontre, ces personnes qui traversent, qui font et sont la ville. 

Venir bousculer leur routine. Intriguer.

Un fou parmi les fous. Ré apprendre à se regarder , abaisser les murs, prendre le temps d’être là. 

Un geste, un sourire derrière le masque. Face au contexte sanitaire, nos relations s’éteignent un peu plus. J’ai senti la tension sociale qui pèse, les corps en mouvements qui avancent sans savoir vraiment dans quelle direction. 

Freiner la course. Respirer.

La situation est alarmante et je souhaite protester. Protester contre les décisions gouvernementales, la culture est essentielle.  

L’art nous permet de créer du lien, prendre le temps d’observer et  se laisser emporter  dans un imaginaire. Être déplacé. 

L’art vivant je crois, doit résister, redevenir accesible et populaire. Les structures culturelles étant fermées il ne nous reste plus que l’appel de la rue.

C’est une opportunité de re penser nos pratiques artistiques et questionner le sens de l’art dans la société, son rôle.

Ce projet est né spontanément, comme un challenge personnel d’explorer l’espace public, se jeter dans l’arène.

Expérimenter et sentir un lieu, interpeller, jouer avec ce qui se passe. Dans la rue il y a plein de stimulations, on peut s’y perdre mais c’est aussi très riche et inspirant. On est face à l’imprévisible, on apprend à le recevoir.

J’ai ressenti du stress avant de commencer. Il y a des flux qui circulent autour de moi, je viens me mettre au milieu, interférer. J’ai dansé entre ignorance et empathie.

J’avais la sensation de transformer des courants linéaires en spirales.

Après chaque performance c’était toujours l’envie d’y retourner et de recommencer. 

Nous jouons le quotidien, la ville bouge, la rue nous appelle."